mercredi 1 septembre 2010

Sous extase

   Il y a des artistes qui ont le chic pour avoir des vies vraiment pourries comme Van Gogh dont j'ai parlé précédemment, Frida Kahlo dont je parlerai prochainement ou encore Séraphine Louis (1864-1942) ou Séraphine de Senlis dont je vais parler... devinez quand ! Maintenant ! Bravo !
Comme moi vous avez peut-être découvert cette artiste singulière à travers le très bon film de Martin Provost, Séraphine, qui est interprétée par Yolande Moreau (qui habite tout près de chez moi) toute aussi singulière d'ailleurs !
Fleurs et fruits - Séraphine -
vers 1920
   Séraphine Louis est née le 3 spetembre 1864 à Arsy, dans l'Oise. A peine a-t-elle un an qu'elle est déjà frappée par une tragique destinée puisque sa mère, d'origine paysanne, meurt le jour de son anniversaire en 1865. Son père, remarié, meurt alors qu'elle n'a que 6 ans. Orpheline elle est élevée par sa soeur aînée. Plus tard elle devient bergère puis domestique et enfin se retrouve femme de ménage à Senlis en 1901.
   Plus tard elle commence à peindre dans le plus grand secret, sans aucune éducation artistique. C'est d'ailleurs comme ça qu'est né l'art naïf : c'est un courant né de gens qui ont commencé à peindre par plaisir, sans être allés en école d'art ni avoir reçu de cours quelconques mais ayant tout de même réussi à percer dans ce milieu comme le Douanier Rousseau par exemple.
   Séraphine aurait peint sous extase ! Mais non, pas sous ecsta, sous extase !!! Très croyante, elle a consacré sa vie à la Vierge Marie et en a sacrifié sa vie sexuelle... Sa peinture serait comme une expiation de visions mystiques et une libération de ses souffrances, ce qui donne a ses tableaux une force, une puissance et une charge émotionnelle alors qu'elle ne peignait que des arbres, des fleurs et des fruits. Les couleurs qui explosent et la lumière divine sont à l'origine de cette intensité picturale. Moi qui ne suis pas très nature morte, je reste sans voix quand je vois ce que cette femme a pu voir et créer.
L'arbre du Paradis - Séraphine - 1929
Séraphine Louis est remarquée par un collectionneur d'art allemand, Wilhelm Uhde, installé à Senlis au début des années 1910. Reparti en Allemagne il ne s'occupe de l'artiste qu'à partir de 1927 en lui apportant soutien. Deux ans plus tard il expose quelques oeuvres de Séraphine rencontra un grand succès et qui lui apporta une certaine aisance financière (qui va très vite disparaître à cause de son tempérament dépensier). L'année suivante son mécène Wilhelm décide de ne plus lui acheter de tableaux à cause de la crise économique, la Grande Dépression. Séraphine va elle aussi sombrer dans une grande dépression, puis la folie, qui la mèneront à l'hôpital psychiatrique de Clermont en janvier 1932. Elle ne peindra plus jamais.
   Le 11 décembre 1942, Séraphine meurt à cause de sous-nutrition due aux conditions de vie sous l'occuptation allemande. Elle est enterrée dans une fosse commune.

Comme quoi on peut venir d'un milieu pauvre, avoir une éducation très limitée et peindre des tableaux de malades (sans mauvais jeu de mots). Reste à savoir ce que Séraphine a vu pour créer de pareils chefs-d'oeuvres...
Bouquet de feuilles - Séraphine - 1929-1930
   

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